L’histoire de Dudu le bassiste
(Joël Dugrenot) de 1966 à 2016
Guidé par l’instinct, la basse entre mes mains jouait toute seule… Elle me faisait découvrir le son.
Vigon et les Lemons : le premier groupe. Le rock et le rythm’ and blues étaient notre nourriture. Concours et tremplins divers n’étaient que des prétextes à nous propulser dans le monde du show- business parisien. Nous ne savions rien, mais guidé par l’instinct nous tracions notre chemin.
Chuck Berry, Bo Diddey, Wanda Jackson, Vince Taylor, Jimmy Clift… Je jouais avec mes idoles.
Sur une courte période de deux années je pénétrais dans le monde professionnel, sans aucune expérience du solfège et toute théorie musicale.
Michel Polnareff, Nino Ferrer, Jacques Dutronc, Gilbert Montagné et bien d’autres dans la jungle sophistiquée du métier que je découvrais, en même temps que mon ignorance de la musique et de la vie.
Au début pour m’instruire, j’ouvrais des tas de méthodes que je ne comprenais pas, j’avais même l’impression que nombres d’entre elles étaient faites pour mieux m’égarer. C’était la saga du combattant.
Par chance, je conservais en moi quelques pulsions, inculquées par Manu Dibango. Il m’avait pris en protection en m’introduisant dans l’orchestre de Nino Ferrer et il m’avait décodé sur papier des écritures rythmiques que je vivais naturellement. En revanche, je ne conservais rien du conservatoire que j’avais la bonne conscience de suivre.
Pop Music et Jazz Fusion m’entraînent vers Joel Daydé, et Zao (le grand saut – enfin libre – de musique …). Deux superbes album, et direction l’Angleterre avec le groupe Clearlight, et les travaux pour le Studio Virgin en compagnie de grand musiciens tel que François Jeanneau, David Cross (King crimson), Bill Bruford (King crimson).
De retour dans les studios parisiens, productions et arrangements se suivent : tout d’abord par une première maquette pour un jeune groupe nommé Semolina, qui deviendra ensuite dès la signature de son contrat Téléphone.
Dans ce courant se succède, Mama Béa Tekielski, Emmanuel Booz , le nouveau Clearlight en compagnie de Ian Bellamy et Didier Lockwood, Armande Altai, ainsi que diverses musiques d’images pour la pub, et la télévision.
Au cours de ces périodes et aventures sonores, j’avais parallèlement entrepris une maîtrise de musicologie (je reconstituais le puzzle), et travaillait sur mes albums Mosaiques et Boomerang, entouré des prestigieux Manuel Villaroel, Fred Frith (Robert Wyatt), Pierre Moerlen (Gong), François Jeanneau, Claude Olmos (Magma), David Rose, David Cross.
Dans les années qui suivirent, conforté par l’expérience du son, la découverte de la fascination de l’image et de la musique, il s’ensuivit une série d’événementiels entre peintures, vidéos et arts plastiques, en particulier pour la salon de la maquette porte de Versailles. Entre ces périodes la passion de la théorie m’avait métamorphosé dans la composition et en particulier dans conception de la basse, que je visionnais comme multiple.
Conséquences pour le temps présent, « Les contes du bassiste » qui est un guide de navigation dans les espaces sonores ouverts par les basses, un recueil d’influences et de perceptions drivées par l’instinct.
Bienvenu sur la planète…